Charlotte Perriand, une Française au Pays du Soleil Levant
Alors que l’inspiration asiatique est au coeur des tendances actuelles, Magasin déco vous propose de revenir vers une designer dont l’oeuvre a grandement été inspirée par le Japon, mais qui est pourtant, bien française : Charlotte Perriand. Formée chez les plus grands, Henri Rapin, Le Corbusier ou Jean Prouvé, ami de Sori Yanagi, Charlotte Perriand est une femme qui ne recule en rien face à l’inconnue, mais qui l’aborde avec enthousiasme. Voilà le destin extraordinaire d’une designer française inspirée par le Pays du Soleil Levant : Charlotte Perriand.
Qui est Charlotte Perriand ?
Charlotte Perriand est née en 1903 à Paris d’un père tailleur et d’une mère couturière. Elle rentre à l’Ecole de L’Union Centrale de Arts Decoratifs en 1920 à 17 ans, elle en ressortira en 1925 et aura eu comme professeur un des maitres des Arts Décoratifs, Monsieur Henri Rapin.
En 1927, Charlotte Perriand à 24 ans, elle réaménage son propre appartement recréant l’univers du “Bar sous le toit” découvert à l’exposition du Salon d’Automne. Elle entre la même année chez Le Corbusier et Pierre Janneret, atelier dans lequel elle restera une dizaine d’années. Cette collaboration principalement en design produit sera extrêmement fructueuse en terme de poids culturel comme de réputation pour Le Corbusier et Charlotte Perriand.
L’apogée de cette collaboration sera en 1929 pour le Salon d’Automne, lorsque le trio présente l’agencement de l'”Equipement intérieur d’une habitation” repenssant l’organisation complète d’un intérieur. Sortiront de cette collaboration des pièces comme Le Fauteuil Grand Confort ou la Chaise Longue Corbu.
Autours des années 1935, Charlotte Perriand se politise à gauche et rejoint l’Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires ainsi que la Maison de la Culture. En 1937, l’année où elle quitte Le Corbusier, elle collaborera avec Jeunes et créera L’Union des Artistes Modernes. Son style se naturalise, elle commence à utiliser des matériaux bruts tels que le bois qui sont plus confortable. Enfin, le 8 Février 1940, la rupture est définitive lorsqu’elle reçoit un télégramme lui proposant de s’envoller en direction du Japon.
Le Pays du Soleil Levant
C’est sur l’invitation du Ministère du Commerce, et suite à une étonnante lettre calligraphiée de l’artiste Shikô Munakata de 8.30m de long que Charlotte Perriand part pour le Pays du Soleil Levant. Son objectif ? Ouvrir l’industrie japonaise à l’Occident en créant des standards de production industriel. Elle sera alors inspirée par la culture nippone et inspirante pour le design japonais.
Le 15 Juin 1940, 5 mois seulement après l’entrée en guerre de la France et de l’Angleterre face à l’Allemagne Nazi, elle s’embarque à Marseille à bord du Hakusan Maru en direction de Kobé. “Le Japon, à l’époque, c’était la Lune” dira-t-elle plus tard. Elle visite le Mingeikan, premier musée d’Art populaire du Japon ouvert en 1936 par Yanagi Sôetsu.
A l’automne, Charlotte Perriand déambule dans les rues des villes japonaises, découvre la campagnes, les paysages, la culture et l’artisanat du Japon, elle enrichie son inspiration au maximum des techniques traditionnelles nippones. “Se fonder sur les vraies traditions ne consiste pas à les reproduire fidèlement, mais à créer du nouveau à partir des lois pérennes qui les régissent” dit-elle. Elle conseil aux japonais d’éviter de reproduire bêtement les pièces occidentales et créer une exposition : Contribution à l’équipement intérieur de l’habitation. Japon 2601, utilisant des matériaux locaux comme le bambou.
Charlotte Perriand quitte le Japon en 1941 peu avant l’attaque de Pearl Harbor mais ne rentrera en France qu’en 1946 après la guerre. Néanmoins, son aventure avec le Japon n’est pas finie puisqu’elle y retournera en 1953 pour y aménager la maison de son mari en poste à Tokyo et une seconde fois en 1959 pour aménager la nouvelle agence de la compagnie aérienne AirFrance.
Lors du Salon des Arts ménagers en 1957, elle présentera la “Maison Japonaise” un savant mélange d’objet créés par elle-même et de créations signées Sôri Yanagi, qu’elle fait à l’occasion connaitre en France. Pour couronner le tout, elle réalise, en collaboration avec Junzô Sakakura, la résidence parisienne de l’ambassadeur du Japon en 1965.
En bref, Charlotte Perriand a grandement été inspirée par le Japon mais a également beaucoup inspiré les designers japonais.
Une oeuvre à découvrir
Redécouvrons maintenant quelques pièces créées par Charlotte Perriand et qui définisse parfaitement quel a été son style, sa ligne directrice, comment elle a marqué d’une empreinte indélébile le monde du design :
Créée la même année, 1954, la chaise Ombre en contreplaqué cintré noir.
Bibliothèque Mexique
Bibliothèque Tunisie
Bibliothèque Nuage
Ces bibliothèques développées après le retour du Japon de Charlotte Perriand sont inspirées d’un premier modèle développé par Pierre Jeanneret avant la guerre. Elle sont composées de casiers en aluminium, d’étagères en bois, de supports métalliques, de portes coulissantes. Les différentes tailles des casiers donnent du mouvement et de la dynamique à la pièce. Ce produit est révolutionnaire pour l’époque.
La banquette Tôkyô a été créé en 1954 à partir de bois binoki.
En quelques mots, Charlottes Perriand est une visionnaire, qui n’a peur de rien. Que se soit de casser les codes du design ou de partir à l’autre bout du monde pour chercher l’inspiration. Elle a révolutionné le design classique du début du 20 ème siècle et a inspiré nombre de jeunes designers depuis.