La déco baroque de Danielle Moudaber
Poudre, sucre, meringue, à Londres la maison de l’artiste-designer Danielle Moudaber réinterprète le style “pâtissier” dans une version palais contemporain entre noromantisme et baroque & roll. Un esprit inventif, prolixe et libre qui revendique ses sources parisiennes.
Née au Nigeria entre la vallée et la savane, les origines libanaises de Danielle Moudaber l’ont ramenée vers Beyrouth au lycée français. Depuis, son parcours, de voyages en escales, lui a offert un regard à trois cent soixante degrés. De tous les pays traversés, Paris reste une lumière d’inspiration et de travail. Elle a fait de Londres sa base mais ladesigner traverse la Manche selon ses projets. Derniers en date : la rénovation d’un appartement haussmannien réalisé par la maison Jansen, célèbre enseigne de décoration française, ou celle de l’ancienne habitation de Tamara Lempicka conçue par Robert Mallet-Stevens.
Une artiste inventive et originale
Spécialisée dans la création de meubles en série limitée comme cette table de forme organique dans son séjour, Danielle Moudaber, fan du style Hollywood Regency et de l’architecte Rafael de Cardenas, ne refuse pas de s’investir dans des projets de décoration intérieure si le “feeling” est au rendez-vous.
Mais son talent lui laisse dire qu’elle est avant tout une “one room artist”. Travailler entre quatre murs et pousser le concept d’un décor dans une seule pièce lui plaisent, d’où son intérêt pour le cinéma, prochaine étape, avec un grand rêve : celui de produire des décors pour David Lynch.
Une artiste amoureuse du bleu
On ne s’en étonne guère en franchissant les murs de sa maison de Londres. Théâtral, exubérant, poétique, onirique, son territoire rappelle celui de Lewis Caroll, un pays des merveilles où le mobilier capitonné joue de proportions, où les miroirs omniprésents floutent les perspectives, où le sol peint du salon emprunte le graphisme du labyrinthe de la cathédrale de Chartres, où le garde-corps de l’escalier ondule, où les pilastres de staff, inspirés par le maître français de l’ornement rococo des années trente, Serge Roche, viennent compléter les moulures de style victorien.
Une maison de sucre et de douceur nappée de cette couleur dragée, “j’aimerais manger du bleu !” s’exclame Danielle.
“Il ne faut pas prendre la décoration au sérieux..”
“Le problème des Français c’est qu’ils craignent de malmener le chic, ils n’osent jamais le faire avec la même liberté que les Anglais. Il ne faut pas prendre la décoration au sérieux, c’est un jeu. La crainte du jugement n’est pas la même outre-Manche, la distance et la légèreté que j’ai apprises ici me poussent sans cesse à faire des expériences avec les objets, les formes, les matériaux, les couleurs. Même si Jacques Grange reste par-dessus tout un exemple, la perfection de ses décors, sa culture très française sont mes références. Ici, je crée mon propre théâtre.
C’est aussi ce qui apporte la force du lieu, tout est fait dans les règles de l’art, ce n’est pas un décor de carton-pâte. L’humour et le jeu sont apparents mais le savoir-faire et les finitions donnent la légitimité et l’ampleur. La France et ses décorateurs parisiens m’ont transmis ce goût de la sophistication, de la précision et de l’exigence.”
La déco baroque de Danielle Moudaber!!